Korat casting : autoportrait. Regarde ! Je suis un chat KORAT, Non, je ne suis pas un gros rat, J’ai la queue fine et le poil ras, Je suis gris, tu ne me vois pas !
Je suis tout gris et tout petit. Le nez enfoui dans mon tapis Et mes oreilles toutes aplaties, J’ai seulement l’air assoupi. Tu crois que je ne fais pas le poids ? Ou qu’il y a plus beau que moi ? Je le sens bien, tu me déçois, Détourne-toi, tant pis pour toi !
Je suis bâti comme un athlète Mais j’ai la ligne d’une starlette, Toute ma vie je reste svelte, Je peux bondir, alerte et leste. Je mange ce dont j’ai besoin Et je ne prends pas d’embonpoint, Contrairement à certains sagouins Qui ne bougent plus de leur coussin.
Campé sur mon arrière-train, Trapu comme un tank tout terrain, Je piaffe en ondulant des reins, Puis fonds sur une proie au loin. Comme un singe je peux grimper, La nature m’a bien équipé D’un corps chaloupé très musclé Avec une humeur bien trempée.
Très précis, je ne casse rien, Même quand je fais le malin, Que j’ai dans l’œil de noirs desseins Et défie mon humain, hautain. De mes grands yeux de lémurien Je le surveille et ne perds rien De tous ses gestes quotidiens, Curieux et plus collant qu’un chien.
Je vais fouiller dans son panier, Ouvrir ses cartons le premier, Faire le ménage dans ses casiers, Taper pour lui sur son clavier. Qui d’autre que moi vit chez lui Et constamment partout le suit, Sans éprouver le moindre ennui ? …S’il veut jouer quand j’ai envie !
Je suis liant, mais impatient, Vif, nerveux et exubérant, J’ai hérité des chats d’orient Un engin vocal performant :
| Quand on m’offusque, je crachouille, Je fais une tête de gargouille, Je produis des sons de grenouille, Si fort qu’on peut prendre la trouille... Comme l’eau sur un continent, Se partage en divers courants, Sur mon poitrail mon poil mouvant Suit une arabesque d’argent. Comme le bas nylon souligne La jambe galbée rectiligne, Ma robe au ventre a une ligne Que j’exhibe à qui en est digne.
Son ton cendré un peu bleuté S’éclaire à mes extrémités, Soulignant avec pureté De mon nez noir l’acuité. Toi, victime d’intolérance ...Aux chats, crois-moi, je suis ta chance :Mon poil pour toi est sans nuisance, Il ne vole pas dans ma mouvance.
Et toi, philosophe verbeux, -Ne fais pas la gueule, mon vieux !- Regarde un Korat dans les yeux Avant d’écrire, mon gâteux : Nous avons aussi un visage, Dont tu crois avoir l’apanage ! Toi qui maîtrises le langage Des mots…, rends-nous meilleur hommage.
J’ai le dos tourné, je t’ignore, Tu vas me supplier, j’adore… Je veux bouder, je fais le mort, Mais mes oreilles te parlent encore : Mes très sensibles pavillons Vibrent, tels deux grands papillons Diaphanes au fil des tourbillons Des sons et de mes émotions.
Le vert intense de mes yeux, Changeants, suaves et impérieux, Intrigue les superstitieux Que je fascine autant qu’un dieu.
D’inséparables insolites. Je chasserai de ton orbite Tes fans, fâcheux météorites.
Je serai ton seul satellite, Ton volcan et ta cinérite, Ta pépite et ton hématite, Ton gui, ton santal parasite.
Je pourrais même finir ermite Ou opiniâtre espion jésuite Dans l’antre du lit qui t’abrite, Moi, ton plus fidèle acolyte.
Jaruwan Nunki De Senguinet Avec de petits coups de pattes D’Inook, Yuna, Altaïr… Et la traduction d’Annie Nunki en route vers un BISInook reste modeste au milieu de ses trophées.
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